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14 juin 2009

Bouffée d'air

1 an a Jayapura la ville de l’étrange. En majorité peuplée de pendatang (neo-arrivants d’autres îles) qui viennent chercher du travail, il n’y a pas beaucoup de vie communautaire. La ville dégage un sentiment de neutralité culturelle : les gens semblent de passage. On se retrouve, se rencontre et se construit le plus souvent au sein de sa congrégation religieuse, plus rarement pour une bière au coucher du soleil. Les autres lieux de rencontres ? Quelques festivals disséminés sur l’année, les malls et la ‘promenade’ du bord de mer ou les adolescents se retrouvent le soir et les familles le week-end pour tremper les pieds dans l’eau et déguster un es teller (lait de coco, sirop, jelly, fruits,…) tout en échangeant les derniers gossips.

Peu de bars (vus comme des temples de haute perdition) ou autre lieux de rencontres donc, une pratique de la commensalite qui ne donne pas envie d’inviter les gens au restaurant (manger c’est pas pour parler), des collègues qui ont souvent du mal a faire copain-copain avec le boss. Un contexte qui pousse a privilégier le développement personnel : les découvertes naturelles, les grandes balades, beaucoup de sport.

Bien sur il y a des exceptions a tout et quelques unes de nos connaissances ne crachent pas sur un bon bar-bec en commun et une sangria bricolée maison. Ce sont, il faut bien le dire, plutôt des expat et en ces temps de renforcement des consignes gouvernementales pour travailler dans la région, ils sont de moins en moins nombreux.

 

Les moments sur le terrain permettent de changer de décor, d’être plus proche des activités et de la vie locale, mais que faire donc lorsqu’un long week-end approche et peu d’amis a l’horizon? Heureusement, la Papua n’est pas loin !

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Grâce a la très réputée compagnie aérienne Trigana (sa lunch box, ses cafards, ses consignes de sécurité obscures sinon inexistantes), Wamena n’est qu’a 45 minutes de vol.

 A Wamena, je m’incruste le plus souvent chez Louise ou ses amis a 15 km de la ville. Louise habite elle-même dans une honai – maison traditionnelle en bois et chaume-.

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Cest le moment de prendre un bain d’air frais et un bain dans la rivière (c’est froid mais ça raffermi les chairs). Bain culturel aussi : découvrir les Papous de Wamena, leurs traditions, leurs histoires et leurs croyances.



Marcher a cote d’un groupe de femmes et se retrouver avec des fruits de la passion dans une main, un enfant dans l’autre ; se rendre compte que la culture papou est plus facile d’accès et spontanément plus chaleureuse que l’indonésienne.

La vie semble plus légère. Pas seulement parceque sans eau ni électricité, il s’agit de la jouer simple mais surtout il est vrai parce que on est moins en représentation et que les Papous ne crachent pas devant une bonne engueulade ou un bon débat d’idées contrairement aux autres indonésiens dont la culture de la politesse et des bonnes apparences reste très prioritaire.

La jeune génération de Wamena est riche en personnes actives sur le plan culturel social et ou politique (bien sur) : certains papous qui reçoivent une bonne éducation choisissent de revenir pour aider au développement de leur région même si c’est souvent a –très- moindre salaire. A travers mon travail et a travers les témoignages que nous recevons, les communautés papoues apparaissent parfois comme inexorablement bloquée par des sentiments d’oppression et de fatalité : les gens attendent de l’aide, accusent le gouvernement et attendent encore.

A Wamena on retrouve une foi perdue au contact avec les méfaits de la bureaucratie, le je-m’en-foutisme de la plupart des entités décisionnelles et le manque de réactivité – souvent du a une certaine ignorance- des communautés.

Il est bien agréable de rencontrer des gens qui se donnent du mal pour tirer leur région vers le haut en termes d’éducation, qui font du bruit pour lutter contre une déperdition culturelle aussi latente qu’inconsciente. Des gens qui se disent que l’important n’est pas ce qu’on a mais ce qu’on en fait finalement.

Et en attendant, j’écoute, découvre, mange des kue hepiri (a la patate douce) aussi vite que je les cuisine, discute de choses graves et légères, débat sur le concept de développement et m’extasie de voir que c’est possible de faire quelque chose avec les gens et pas seulement pour eux.

Je rentre a Jayapura gonflée a bloc et prête a faire encore un bout de chemin dans la perplexe Jayapura.


Balades, epaves d'avions, et rencontres animales:

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